Où en est le marché de l’or recyclé ?
L’or est l’un des métaux les plus précieux et les plus rares au monde. Son extraction et sa fusion sont des activités particulièrement polluantes qui génèrent des millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère selon le World Gold Council. C’est pour cette raison que l’industrie joaillière se veut de plus en plus responsable et se tourne vers l’or recyclé. Quel état des lieux peut-on faire aujourd’hui du marché de l’or recyclé ? Quelles sont les perspectives pour cette forme d’or ?
Quand l’or recyclé cristallise l’attention de l’industrie joaillière
L’or est un métal précieux et sa noblesse fait l’unanimité. Cependant, son extraction a un impact considérable sur l’environnement à tel point que les fabricants et l’ensemble de l’industrie joaillière ont développé une conscience environnementale en se tournant désormais vers l’or recyclé. Ce changement d’habitude se comprend, sachant que l’extraction aurifère est l’une des industries les plus polluantes au niveau mondial. On considère en effet que l’extraction de 3 grammes d’or nécessite 1500 litres d’eau, 10 grammes de mercure et 100 grammes de cyanure. De plus, le World Gold Council estime les émissions annuelles du marché de l’or à 120 millions de tonnes de CO2.
Face à un tel impact, l’industrie aurifère a jeté son dévolu sur l’or recyclé pour ainsi affirmer son engagement vis-à-vis de la protection de la nature. De plus, les joailliers et fabricants considèrent qu’en faisant l’option des matières recyclées dans leur chaîne d’approvisionnement, ils peuvent se targuer de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
En même temps, ils se prévalent d’une prédation mesurée des ressources de la planète et d’une protection de l’environnement. Depuis une dizaine d’années maintenant, l’industrie joaillière encense l’utilisation de l’or recyclé comme gage d’une chaîne de traçabilité responsable. Pour vous inscrire dans la même dynamique, renseignez-vous sur le rachat d’or à Paris pour bénéficier des services d’estimation, d’achat et de vente d’or.
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Une dynamique soutenue entre labels et certificats
Entre labels et fournisseurs spécialisés, nombreux sont les joailliers qui aujourd’hui prônent une idée de protection durable de la nature. À cet effet, ils ne manquent pas de souligner leur utilisation d’or « écologique » ou « éthique » pour la fabrication de leurs bijoux. Moins de 5 ans en arrière, la prestigieuse entreprise d’horlogerie de luxe suisse Chopard a été la première maison de grande réputation à annoncer s’approvisionner à 100% en or éthique pour ses joailleries et horlogeries.
Déjà, la maison Chopard était une adepte d’or labellisé « Fairmined » pour une partie de sa production. Désormais, elle s’approvisionne exclusivement auprès de fournisseurs « vérifiés » respectueux des normes environnementales et sociales inhérentes au marché aurifère. Aujourd’hui, de nombreux certificats et standards régulent en quelque sorte le marché de l’or éthique.
Nous parlions précédemment du label « Fairmined » qui est l’un des deux labels les plus prédominants dans cet univers très concurrentiel. Il est délivré par une ONG colombienne. Le second label, « Fairtrade » a été lancé par la fondation Max Havelaar. Ces deux labels soutiennent les mines artisanales et prônent la protection de l’environnement, des conditions de travail respectueuses des droits humains et la rémunération des mineurs.
Cependant, il faut dire que la production de ces deux labels est très minime. Elle est de quelques centaines de kilos par an contre 3.300 tonnes pour la production mondiale. Pour ce faire, les joailliers désireux de mettre en avant leur conscience environnementale ont recours à l’or recyclé et aux acteurs certifiés par le Responsible Jewellery Council (RJC), un organisme ayant développé une norme de référence qui régit toute la chaîne d’approvisionnement.
De Kering à Courbet en passant par Ponce, des approches diverses pour un objectif commun
Comme Chopard, le géant du luxe Kering, propriétaire des marques Boucheron, Gucci, Dodo, et Pomellato, s’est engagé depuis 2015 à une utilisation composée à 100% d’or éthique pour fabriquer les bijoux de ses différentes marques. Déjà, Kering en était déjà à 3,5 tonnes d’or recyclé acheté.
En témoignent les propos de Claire Piroddi, responsable en développement durable pour l’horlogerie et la joaillerie chez Kering dans les colonnes de l’AFP : « Nous essayons de maximiser la part d’or labellisé Fairmined et Fairtrade, mais leur production réduite est très prisée, donc la majorité de notre approvisionnement reste de l’or recyclé et certifié +RJC Chain of Custody+ ». Elle argumentera sa position en mettant en avant le fait que l’or labellisé Fairmined ou Fairtrade est 10 à 12% plus cher. En revanche, l’or recyclé ne génère pas de surcoût, en plus d’être un or qui a un passif, puisqu’utilisé sous forme de bijoux ou à l’intérieur d’un produit high-tech.
De son côté, la maison Courbet, spécialiste de joaillerie de luxe et réputée pour placer l’écologie et l’éthique au sommet de ses priorités, utilise uniquement de l’or issu de déchets électroniques et industriels pour ses créations. En ce sens, Marie-Ann Wachtmeister, co-fondatrice et directrice artistique de la maison affirmera : « On ne veut pas promouvoir l’extraction minière ou utiliser de l’or récemment extrait, donc on a cherché des fournisseurs qui recyclent l’or contenu dans les cartes graphiques ou les processeurs d’ordinateurs. Car on sait qu’aujourd’hui, que plus de la moitié d’or disponible a déjà été extraite ».
Elle considère l’approche de la maison Courbet plus éthique. Tandis qu’une tonne de déchets électroniques peut générer 200 grammes d’or, une tonne de terre dans une mine peut en contenir 2 grammes. De plus, le grand public se veut désormais plus conscient sur l’approvisionnement et plus regardant sur la démarche écologique des entreprises de l’industrie joaillière.
Thierry Lemaire, directeur général de l’atelier Ponce, installé quartier Marais sur Paris depuis 1886 et labellisé RJC, s’inscrira dans la même veine. Pour lui il est impératif de faire du bon travail tout en respectant la nature. Il considère qu’il est à la portée des joailliers d’utiliser de l’or recyclé parce qu’il considère que la chaîne s’est standardisée. L’atelier Ponce produit environ 45.000 bagues en or recyclé par an. Pour autant, la famille Ponce ne manque pas de tout mettre en œuvre pour récupérer poussières et copeaux de métaux précieux dans ses locaux, pour les rediriger vers une entreprise spécialisée dans le recyclage de ce type de déchets.
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Originally posted 2021-03-23 17:18:01.